Shin shin toitsu ho à Ramatuelle. Do-in sur la presqu'île de Saint Tropez. Ishikitaido.
Le Chevalier de Provence
IX - AU VENT DE LA STEPPE (fin)
« Mais pas plus qu'auparavant, on n'en vient à bout à la manade. Il continue d'y faire damner le marquis et ses gardians. Un écart suivi d'un bond prodigieux l'enlève à la moindre feuille morte que balaie le vent. Aussi bien n'a-t'il pas son pareil pour forcer, de vol en vol, les perdreaux à la course. Il parcourt comme l'éclair derrière eux des distances fantastiques, jusqu'à l'ultime chute des pauvres oiseaux épuisés et inertes sur le sol, avec leurs ailes pendantes. Les gardians n'ont plus qu'à les massacrer à coups de gourdins. Et il faut voir alors le Fouquet, comme ivre de plaisir, pointer et s'ébrouer au milieu de ce carnage !
Sa témérité le perd. Seul, un soir, en dépit d'un saut formidable, il tombe dans une roubine si abrupte et si profonde qu'on ne l'y retrouve que le lendemain, reins brisés et grelotant. La mort à fait son œuvre, quand les gardians l'en tirent avec des cordes.
Mais Mistral (Frédéric) n'a pas oublié le héros de l'Elisa. Sur son ordre, le Fouquet sera naturalisé et érigé au centre de la salle d'honneur du Musée Arlatan, qu'il vient de créer à Arles, pour y réunir toutes les richesses de la Provence artisanale et rurale. On y admire encore, dressé sur son socle, ce magnifique échantillon de la cavalerie du delta.
De toute façon, les dangers partagés et une estime mutuelle obligent les cavaliers de la Camargue a des devoirs exceptionnels envers une monture qui les a bien servis. Si par force, quelquefois, on l'attelle dans ses vieux jours, c'est par la queue, pour que le collier, signe du servage, n'attente pas à son honneur, et les chevaux dont la carrière a marqué sont enterrés debout, avec leur bride, leur selle - et un trident à côté d'eux. Ainsi fait le marquis pour ses compagnons d'armes, Sultan, le Pape et Rouge-de-Virgile, qui dorment sous des tertres d'herbe non loin de l'Amarée - tous trois prêts à s'élancer dans l'éternité, le jour de la résurrection.
Car il ne faudrait pas lui dire que les chevaux n'ont pas d'âme ! Pour un peu, il en attribuerait une à toutes les bêtes, comme un vieux berger de ses amis, Chef-pareil-aux-chèvres, qui croit même à la Chèvre d'Or des légendes et, nuit et jour perdu dans un songe, la cherche avec ses chiens et ses brebis.
Il n'a plus ouvert un livre depuis l'école. Mais quelques citations de celui que le marquis emporte toujours sur sa selle le convainquent de l'accepter. Huit jours après, il arrive, rayonnant, à l'Amarée.
- Elle existe, la Chèvre d'Or ! clame-t-il, en brandissant son exemplaire de Mireille. Je l'ai trouvée !
Sa longue cape rousse se détache au premier rang, cet été-là, quand, pour la Sainte-Estelle, patronne du Félibrige, Mistral vient instituer aux Saintes la Fête Virginale.
Ce sera désormais celle des jeunes filles qui, nubiles, ont revêtu dans l'année la coiffe et le costume d'Arles - et il n'y a aucune différence, sous ces merveilleux atours, entre une enfant de haute naissance et la petite paysanne qui les a ressortis, pour les recouper à sa taille, de l'armoire de famille. La jupe longue en forme, assortie au fichu, l'èze noire ajustée (le corsage) , la guimpe à trente-deux plis de la « chapelle » et le plastron de dentelle fixés sur la gorge
« Mais pas plus qu'auparavant, on n'en vient à bout à la manade. Il continue d'y faire damner le marquis et ses gardians. Un écart suivi d'un bond prodigieux l'enlève à la moindre feuille morte que balaie le vent. Aussi bien n'a-t'il pas son pareil pour forcer, de vol en vol, les perdreaux à la course. Il parcourt comme l'éclair derrière eux des distances fantastiques, jusqu'à l'ultime chute des pauvres oiseaux épuisés et inertes sur le sol, avec leurs ailes pendantes. Les gardians n'ont plus qu'à les massacrer à coups de gourdins. Et il faut voir alors le Fouquet, comme ivre de plaisir, pointer et s'ébrouer au milieu de ce carnage !
Sa témérité le perd. Seul, un soir, en dépit d'un saut formidable, il tombe dans une roubine si abrupte et si profonde qu'on ne l'y retrouve que le lendemain, reins brisés et grelotant. La mort à fait son œuvre, quand les gardians l'en tirent avec des cordes.
Mais Mistral (Frédéric) n'a pas oublié le héros de l'Elisa. Sur son ordre, le Fouquet sera naturalisé et érigé au centre de la salle d'honneur du Musée Arlatan, qu'il vient de créer à Arles, pour y réunir toutes les richesses de la Provence artisanale et rurale. On y admire encore, dressé sur son socle, ce magnifique échantillon de la cavalerie du delta.
De toute façon, les dangers partagés et une estime mutuelle obligent les cavaliers de la Camargue a des devoirs exceptionnels envers une monture qui les a bien servis. Si par force, quelquefois, on l'attelle dans ses vieux jours, c'est par la queue, pour que le collier, signe du servage, n'attente pas à son honneur, et les chevaux dont la carrière a marqué sont enterrés debout, avec leur bride, leur selle - et un trident à côté d'eux. Ainsi fait le marquis pour ses compagnons d'armes, Sultan, le Pape et Rouge-de-Virgile, qui dorment sous des tertres d'herbe non loin de l'Amarée - tous trois prêts à s'élancer dans l'éternité, le jour de la résurrection.
Car il ne faudrait pas lui dire que les chevaux n'ont pas d'âme ! Pour un peu, il en attribuerait une à toutes les bêtes, comme un vieux berger de ses amis, Chef-pareil-aux-chèvres, qui croit même à la Chèvre d'Or des légendes et, nuit et jour perdu dans un songe, la cherche avec ses chiens et ses brebis.
Il n'a plus ouvert un livre depuis l'école. Mais quelques citations de celui que le marquis emporte toujours sur sa selle le convainquent de l'accepter. Huit jours après, il arrive, rayonnant, à l'Amarée.
- Elle existe, la Chèvre d'Or ! clame-t-il, en brandissant son exemplaire de Mireille. Je l'ai trouvée !
Sa longue cape rousse se détache au premier rang, cet été-là, quand, pour la Sainte-Estelle, patronne du Félibrige, Mistral vient instituer aux Saintes la Fête Virginale.
Ce sera désormais celle des jeunes filles qui, nubiles, ont revêtu dans l'année la coiffe et le costume d'Arles - et il n'y a aucune différence, sous ces merveilleux atours, entre une enfant de haute naissance et la petite paysanne qui les a ressortis, pour les recouper à sa taille, de l'armoire de famille. La jupe longue en forme, assortie au fichu, l'èze noire ajustée (le corsage) , la guimpe à trente-deux plis de la « chapelle » et le plastron de dentelle fixés sur la gorge
par des myriades d'épingles, leur confèrent à toutes la même grâce royale. Au creux des seins, une croix d'or, dont un galant prélat n'a pas craint de dire qu'elle hésite entre de bien tentants Golgothas… Mais le port de tête doit surtout sa dignité à la parure de velours qui somme les cheveux séparés en bandeaux.
Il faut beaucoup de temps et d'adresse pour s'embellir ainsi. C'est pourquoi le Maître a voulu remercier les débutantes par un banquet où les poètes leur offrent à chacune, avec les compliments de circonstance, un ruban de la couleur de leur regard. . » (Jean Des Vallières, Folco De Baroncelli : Le Chevalier de La Camargue p. 75-78)
folco . 2 . 3 . 4 . 5 . 6 . 7 . h1.n . philochin